Sainte Catherine de Sienne
Sainte Catherine de Sienne était la plus jeune des vingt-cinq enfants de Giacomo di Benincasa, un teinturier, et est née, avec une sœur jumelle qui n’a pas survécu à sa naissance, le 25 mars 1347. Enfant très sensible et imaginative, elle commença très tôt à pratiquer l’ascétisme et à avoir des visions, et à l’âge de sept ans, elle consacra solennellement sa virginité au Christ. Elle fut attirée par ce qu’elle avait entendu dire des anachorètes du désert et, en 1363-1364, après de nombreuses luttes, elle persuada ses parents de lui permettre de prendre l’habit des tertiaires dominicaines. Pendant un certain temps, elle mena chez elle la vie d’une recluse, ne parlant qu’à son confesseur et passant tout son temps dans la dévotion et l’extase spirituelle. Son humanité innée et son bon sens l’amènent cependant à reprendre peu à peu sa place dans le cercle familial, et elle commence également à rechercher et à aider les pauvres et les malades. En 1368, son père meurt et elle prend en charge sa mère Lapa. Au cours des années suivantes, elle se fait connaître d’un cercle de plus en plus large, notamment en tant que pacificatrice, et entre en correspondance avec de nombreux amis. Ses particularités éveillèrent des soupçons, et des accusations semblent avoir été portées contre elle par certains dominicains. Pour répondre à ces accusations, elle se rendit à Florence en 1374, mais retourna bientôt à Sienne pour soigner les malades de la peste. C’est là qu’elle rencontra pour la première fois le frère dominicain Raimondo de Capoue, son confesseur et biographe.
L’année 1375 marque l’entrée de Catherine sur une scène plus large. À l’invitation de Piero Gambacorti, souverain de la république de Pise, elle se rend dans cette ville et s’efforce de susciter l’enthousiasme pour la croisade envisagée, exhortant princes et présidents, commandants et simples citoyens à s’engager dans « le saint passage ». À cette tâche s’ajoute celle d’empêcher Pise et Lucques de se joindre à la Ligue toscane contre le pape. C’est à Pise, dans l’église de Santa Cristina, le quatrième dimanche de Carême (1er avril), alors qu’elle était en extase après la communion, que la plus grande gloire traditionnelle de Catherine lui est arrivée, à savoir les stigmates ou l’impression sur ses mains, ses pieds et son cœur, des blessures correspondant à celles reçues par le Christ lors de sa crucifixion. Toutefois, à sa prière, ces marques n’ont pas été rendues visibles.
En 1376, la 29e année de la vie de Catherine, Grégoire XI vivait et tenait la cour papale en Avignon. Il était le dernier des sept papes français qui s’étaient succédé en Avignon et avait perpétué pendant soixante-treize ans ce que les écrivains ecclésiastiques se plaisent à appeler « la captivité babylonienne de l’Église ». Mettre fin à cet absentéisme et ramener la papauté en Italie était le souhait cher et anxieux de tous les bons Italiens, et en particulier de tous les ecclésiastiques italiens. Pétrarque avait pressé Urbain V, le prédécesseur immédiat de Grégoire, d’accomplir le changement désiré ; et Dante avait, à une date antérieure, travaillé pour atteindre le même objectif. Mais ces influences et toutes celles que l’Italie s’était efforcée d’exercer sur les papes n’avaient pas réussi jusqu’à présent à les inciter à revenir. Dans ces circonstances, Catherine décida de mettre à l’épreuve son pouvoir de persuasion et d’argumentation, essayant d’abord par correspondance de réconcilier le Pape Grégoire et les Florentins, qui avaient été placés sous un interdit, puis se rendant en personne, en tant que représentante de ces derniers, en Avignon, où elle arriva le 18 juin.
Grégoire XI lui donne le pouvoir de traiter pour la paix, mais les ambassadeurs florentins sont d’abord tardifs, puis infidèles. Sans se laisser décourager, Catherine demanda elle-même à Grégoire, qui était d’ailleurs lui-même dans cet état d’esprit, de revenir, ce qu’il fit en septembre, même s’il n’avait peut-être l’intention de ne faire qu’un séjour temporaire en Italie. Catherine rentra chez elle et resta un mois à Gênes chez Orietta Scotti, une noble dame de cette ville ; Grégoire eut une longue conversation avec elle, ce qui l’encouragea à poursuivre sa route vers Rome.
Entre-temps, le retour du pape n’est pas de tout repos. En plus de perpétuer les conflits avec ses ennemis, il s’aliénait ses amis et avait de plus en plus de mal à payer ses mercenaires. Grégoire XI se défoule alors sur Catherine, qui lui reproche de se préoccuper des choses temporelles plutôt que spirituelles ; néanmoins, le pape l’envoie au début de 1378 en ambassade à Florence. Alors qu’elle exhortait les citoyens à faire la paix avec le pape, la nouvelle de la mort de Grégoire XI arriva. Au cours des troubles qui s’ensuivirent à Florence, Catherine faillit perdre la vie dans un tumulte populaire et regretta vivement de ne pas avoir obtenu ce qu’elle désirait, « la rose rouge du martyre ». La paix fut signée avec le nouveau pape, Urbain VI, et Catherine, ayant ainsi accompli sa deuxième grande tâche politique, retourna à Sienne.
De là, lorsque le schisme éclata, Urbain la convoqua à Rome, où elle se rendit en novembre, un peu à contrecœur, avec sa famille spirituelle désormais nombreuse. Une fois arrivée, elle se donna corps et âme à la cause d’Urbain et épuisa ses maigres forces à contenir son tempérament impatient, à calmer la révolte du peuple de Rome et à essayer de gagner pour Urbain le soutien de l’Europe. Après des souffrances prolongées et continues, elle mourut le 29 avril 1380.
Traduction et adaptation du texte de l'Encyclopédie Britannique de 1911
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