Le livre de Job
Conférence sur le Livre de Job, fondamental à plus d'un titre, et qui garde toujours son actualité et son utilité : les problèmes de Job face à la souffrance injuste se posent également à nous.
Intro
Livre important pour de multiples raisons.
Livre qui va nous faire aborder le thème de la souffrance, et il est toujours « facile » de parler de la souffrance. Il est plus difficile de la vivre.
En guise d’introduction : le livre de Job s’adresse au peuple juif. Il nous parle aussi à nous, chrétiens, mais depuis nous avons eu le Christ, et sa mort sur la Croix, qui apporte une vision complémentaire de la souffrance.
Cf. « œil pour œil, dent pour dent » : ce commandement dépasse les idées reçues de l’époque, mais il est bien en dessous de la loi de la charité « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Le livre de Job pourrait nous montrer Dieu en train de soumettre ses élus à des épreuves. Alors qu’avec l’Incarnation, et la mort du Christ pour nous, nous savons que Dieu nous accompagne dans les épreuves.
Nous devons dépasser l’idée que Dieu met ses élus à l’épreuve, comme s’il fallait franchir des obstacles pour arriver au salut. Il y a des obstacles sur la route du Ciel, mais ce n’est pas Dieu qui nous les met.
Auteur et contexte historique
Le livre est écrit en vers, sauf l’intro et la fin qui sont écrits en prose.
Assez semblable au livre des Proverbes, au Livre de la Sagesse.
Traditionnellement, l’auteur en est Moïse, ou quelqu’un qui a vécu à l’époque de Moïse.
On a également émis l’idée que l’auteur en était Salomon, dans la mesure où il est l’auteur du livre de la Sagesse et des Proverbes.
Mais certaines remarques font penser à un auteur de l’époque de Moïse :
- Hus, le pays de Job, est proche du pays de Madian, où Moïse s’est réfugié chez Jéthro. Il a pu entendre l’histoire de Job à cette époque.
- Job vivra deux cents ans, ce qui est le propre de l’époque des patriarches
- Le fait que l’on ne fasse pas allusion à Moïse, à la loi de Moïse, au peuple hébreux… font penser que l’histoire s’est déroulée avant la constitution du peuple hébreux.
Moïse : ± -1400 avant J.-C.
Le récit et les intervenants du récit
Dieu ; Satan ; Job ; son épouse ; les trois amis Elifaz, Bildad et Sofar, qui viennent des confins de l’Arabie et du pays d’Edom, pour lui rendre visite ; enfin Elihu.
Job est juste devant Dieu, et comme cela est logique, il est riche, en fils et filles, en bétail, en serviteur. En récompense de sa grande justice : même lorsque ses enfants, qui sont bons, font la fête, de peur qu’ils n’aient offensés par mégarde le créateur, il les purifie.
Dieu est fier de Job
« Le jour où les fils de Dieu se rendaient à l’audience du Seigneur, le Satan, l’Adversaire, lui aussi, vint parmi eux. 07 Le Seigneur lui dit : « D’où viens-tu ? » L’Adversaire répondit : « De parcourir la terre et d’y rôder. » 08 Le Seigneur reprit : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’a pas son pareil sur la terre : c’est un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal. » 09 L’Adversaire riposta : « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? 10 N’as-tu pas élevé une clôture pour le protéger, lui, sa maison et tout ce qu’il possède ? Tu as béni son travail, et ses troupeaux se multiplient dans le pays. 11 Mais étends seulement la main, et touche à tout ce qu’il possède : je parie qu’il te maudira en face ! » 12 Le Seigneur dit à l’Adversaire : « Soit ! Tu as pouvoir sur tout ce qu’il possède, mais tu ne porteras pas la main sur lui. » Et l’Adversaire se retira. »
Et effectivement, Job perd tous ses biens
« Puis il dit : « Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! » 22 En tout cela, Job ne commit pas de péché. Il n’adressa à Dieu aucune parole déplacée. »
Dieu est toujours fier de Job
« 01 Le jour où les fils de Dieu se rendaient à l’audience du Seigneur, l’Adversaire, lui aussi, vint parmi eux à l’audience. 02 Le Seigneur lui dit : « D’où viens-tu ? » L’Adversaire répondit : « De parcourir la terre et d’y rôder ». 03 Le Seigneur reprit : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’a pas son pareil sur la terre : c’est un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal ; il persiste encore dans son intégrité, et c’est pour rien que tu m’as incité à le détruire. » 04 Mais l’Adversaire répliqua au Seigneur : « Peau pour peau ! L’homme donne tout ce qu’il a pour sauver sa vie. 05 Mais étends la main, touche à ses os et à sa chair, je parie qu’il te maudira en face ! » 06 Le Seigneur dit à l’Adversaire : « Soit ! le voici en ton pouvoir, mais préserve sa vie. » 07 Et l’Adversaire, quittant la présence du Seigneur, frappa Job d’un ulcère malin depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. »
Intervention de la femme de Job
« Sa femme lui dit : « Tu persistes encore dans ton intégrité ! Maudis Dieu et meurs ! » 10 Il lui répondit : « Tu parles comme une insensée. Si nous accueillons le bonheur comme venant de Dieu, comment ne pas accueillir de même le malheur ? » En tout cela, Job ne commit pas de péché par ses lèvres. »
Intervention des amis de Job
« Trois amis de Job apprirent tout ce malheur qui lui était advenu. Ils arrivèrent chacun de son pays, Élifaz de Témane, Bildad de Shouah et Sofar de Naama, et ils se concertèrent pour venir le plaindre et le consoler. 12 De loin, levant les yeux sur lui, ils ne le reconnurent pas. Alors, ils éclatèrent en sanglots. Ils déchirèrent chacun son manteau et projetèrent de la poussière sur leur tête. »
Les amis de Job, en fait, sont persuadés que Job a péché. Parce que Dieu récompense le juste. Si Job est dans un tel état, c’est qu’il n’est pas juste.
« Bildad de Shouah prit la parole et dit :02 « Vas-tu longtemps encore tenir de tels propos, et donner libre cours à ce vent de paroles ? 03 Dieu peut-il fausser le droit, le Puissant, fausser la justice ? 04 Si tes fils pèchent contre lui, il les livre au pouvoir de leur crime. 05 Quant à toi, si tu cherches Dieu, si tu supplies le Puissant, 06 si tu es honnête et droit, alors, il veillera sur toi et rétablira ta demeure dans la justice. 07 Ta condition ancienne sera peu de chose au regard de la nouvelle. »
Pourtant Job continue à clamer son innocence, même s’il reconnaît qu’il eut mieux valu pour lui de ne pas naître.
Job en arrive à la conclusion qu’il ne comprend pas Dieu, car manifestement, lui, Job est honnête, mais Dieu ne le récompense pas.
« Suis-je un homme intègre ? Je ne sais plus moi-même. Vivre me répugne. 22 C’est tout un, je l’ai bien dit : il extermine pareillement l’homme intègre et le criminel. »
Idée : Job ne maudit pas Dieu, mais il ne comprend plus. Fatalisme
Voir tout le chapitre 10 à ce sujet, pour étudier la réaction de Job
Chapitre 32 : Élihou
« Alors s’enflamma la colère d’Élihou, fils de Barakéel, le Bouzite, du clan de Ram. Envers Job s’enflamma sa colère, parce qu’il prétendait avoir raison contre Dieu. 03 Sa colère s’enflamma envers ses trois amis parce que ceux-ci n’avaient pas trouvé de réponse pour donner tort à Job. 04 Élihou avait attendu pour s’adresser à Job, parce qu’ils étaient plus âgés que lui. 05 Mais quand Élihou vit que ces trois hommes n’avaient plus de réponse à la bouche, sa colère s’enflamma. »
Il explique la toute puissance de Dieu, qui sait tout, qui voit tout.
Chapitre 34, puis chapitre 36 : hymnes à la toute puissance de Dieu, qui ne peut pas ne pas savoir par quels tourments passe son serviteur.
Chapitre 38 : Dieu lui-même explique son attitude
« Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ? Indique-le, si tu possèdes la science ! »
« Daigne écouter, et moi, je parlerai ; je vais t’interroger, et tu m’instruiras. 05 C’est par ouï-dire que je te connaissais, mais maintenant mes yeux t’ont vu. 06 C’est pourquoi je me rétracte et me repens sur la poussière et sur la cendre. »
07 Or, après avoir adressé ces discours à Job, le Seigneur dit à Élifaz de Témane : « Ma colère s’est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez pas parlé de moi avec justesse comme l’a fait mon serviteur Job.
08 Maintenant, prenez sept taureaux et sept béliers, allez trouver mon serviteur Job. Offrez un holocauste en votre faveur, et Job mon serviteur intercédera pour vous. Uniquement par égard pour lui, je ne vous infligerai pas l’infamie méritée pour n’avoir pas parlé de moi avec justesse, comme l’a fait mon serviteur Job. »
09 Élifaz de Témane, Bildad de Shouah et Sofar de Naama s’en allèrent et firent comme le Seigneur leur avait dit, et le Seigneur eut égard à l’intervention de Job.
Quelques commentaires
- Job n’est pas hébreux.
- Job est une personne seule, alors que les juifs ont l’habitude que Dieu s’adresse au peuple élu.
- On a là toute la question de la rétribution : Job est fidèle, et pourtant il est puni. Ce qui est assez opposé au discours auquel le peuple hébreux est habitué : « si tu observes mes lois, je te ferai entrer dans le pays où coule le lait et le miel. »
- On a l’impression que Dieu veut faire comprendre au peuple que, certes, la loi est un point de départ, mais que la finalité, ce n’est pas l’observance de la loi.
- Insistons sur l’idée que ce n’est pas Dieu qui met Job à l’épreuve : c’est Satan. Dieu est sûr de son serviteur.
- L’épreuve permet une connaissance intime entre Dieu et l’éprouvé (« je te connaissais par oui-dire »)
- Déjà, le geste de Satan se retourne contre lui-même, car le mal qu’il provoque permet une mise en valeur de Job, et rapproche Job de Dieu. Il en sera de même pour la mort du Christ, qui ressuscitera et sera vainqueur de la mort.
- Dieu est présent dans l’épreuve, parce que Dieu voit tout. Job ne lutte pas seul.
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