Henri-Dominique Lacordaire
(1802-1861), ecclésiastique et orateur français, est né à Recey-sur-Ource, Côte d'Or, le 12 mars 1802. Il est le deuxième d'une famille de quatre enfants. Pendant plusieurs années, Lacordaire étudia à Dijon, montrant un talent marqué pour la rhétorique, ce qui le conduisit à faire du droit, et dans les débats locaux des avocats, il atteignit une grande célébrité.
À Paris, il songea à monter sur les planches, mais il fut incité à terminer sa formation juridique et commença à exercer la profession d'avocat (1817-1824). Entre-temps, Lamennais avait publié son Essai sur l'Indifférence, un plaidoyer passionné en faveur du christianisme et en particulier du catholicisme romain, nécessaire au progrès social de l'humanité. Lacordaire lit, et sa nature ardente et croyante, lassée des négations théologiques des Encyclopédistes, est convaincue. En 1823, il devient étudiant en théologie au séminaire de Saint-Sulpice ; quatre ans plus tard, il est ordonné et devient aumônier du collège Henri IV.
Il est appelé à collaborer avec Lamennais à la rédaction de L'Avenir, journal créé pour prôner l'union du principe démocratique et de l'ultramontanisme. Lacordaire s'efforça de montrer que le catholicisme n'était pas lié à l'idée de dynastie, et qu'il s'alliait définitivement à une liberté, une égalité et une fraternité bien définies. Mais le nouveau propagandisme est dénoncé depuis Rome dans une encyclique. Sur ces entrefaites, Lacordaire et Montalembert, croyant avoir droit, en vertu de la charte de 1830, à la liberté d'enseignement, ouvrent une école libre indépendante. Elle fut fermée en deux jours et les instituteurs condamnés à une amende devant la cour des pairs. Lacordaire accepta ces revers avec une dignité tranquille, mais ils mirent fin à ses relations avec Lamennais.
Il commença alors le cours de conférences chrétiennes au Collège Stanislas, qui attirait l'art et l'intellect de Paris ; de là, il se rendit à Notre-Dame, et pendant deux ans, ses sermons firent les délices de la capitale. Sa présence était digne, sa voix capable d'une modulation indéfinie, et ses gestes animés et attrayants. Il prêchait toujours l'évangile de la souveraineté du peuple dans la vie civile et de la suprématie du pape dans la religion, mais il apportait à sa propagande toutes les ressources d'un esprit familier de la philosophie, de l'histoire et de la littérature, et menait en fait la réaction contre le scepticisme voltairien.
On lui demanda d'occuper une chaire à l'université de Louvain, mais il refusa et, en 1838, il partit pour Rome, mettant au point un grand projet de christianisation de la France par la restauration de l'ancien ordre de Saint-Dominique.
À Rome, il revêt l'habit du frère prêcheur et rejoint le monastère de Minerve. Son Mémoire pour le rétablissement en France de l'ordre des frères prêcheurs fut alors préparé et dédié à son pays ; en même temps, il rassembla les matériaux pour la vie de saint Dominique.
De retour en France en 1841, il reprit sa prédication à Notre-Dame, mais il ne réussit guère à rétablir l'ordre dont il se fit toujours appeler moine par la suite. Ses oraisons funèbres sont les plus remarquables en leur genre de toutes celles prononcées à son époque, celles consacrées au maréchal Drouet et à Daniel O'Connell étant particulièrement marquées par la justesse et la clarté. Il pensait ensuite que sa présence à l'Assemblée nationale serait utile à sa cause ; mais, réprimandé par ses supérieurs ecclésiastiques pour s'être déclaré républicain, il démissionna de son siège dix jours après son élection. En 1850, il retourna à Rome et fut nommé provincial de l'ordre. Pendant quatre ans, il s'efforça de faire des Dominicains une puissance religieuse. En 1854, il se retire à Sorrèze pour devenir directeur d'un lycée privé, où il reste jusqu'à sa mort, le 22 novembre 1861. Il avait été élu à l'Académie l'année précédente.
Article créé à partir de l'encyclopedie Britannique 1911
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