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Conférence de Denis Moreau au Centre Théologique de Meylan

Denis Moreau, professeur de philosophie à l’Université de Nantes, était invité, samedi 28 janvier, par le Centre Théologique de Meylan, sur le thème : « Philosopher aujourd’hui. Cela a-t-il un sens de philosopher sur l’actualité ? », à l’occasion de la publication de son dernier livre « Plus loin que l’actualité »


Les photos ne sont pas libres de droit, et ne peuvent être utilisées sans l'accord des Éditions Blanche de Peuterey

Ces quelques notes ne reflètent que très partiellement le contenu des échanges entre Denis Moreau et l’assistance.

La conférence était modérée par deux professeurs du Centre Théologique de Meylan, Alejandro Perez et Alexis Pidault.

Q. Que vient faire la philosophie dans notre monde contemporain ?

Depuis les années 80, il y a une forte demande de « philosophie populaire »

1922 : Apparition des cafés philosophiques de Marc Sauter

1996 : publication du livre « Le monde de Sophie »

Puis, festivals de philosophie populaire

Apparition de philosophes publics tels que Michel Onfrey, André Comte-Sponville

Les gens sont demandeurs de philosophie.

Deux questions :

  1. Que se passe-t-il ?
  2. Que fait-on ?

On peut voir une certaine corrélation avec la chute des grands appareils pourvoyeurs de sens :

  1. Le christianisme
  2. Le marxisme
  3. Le libéralisme (La mondialisation heureuse, le monde sans guerre, etc)

Il y a un trou dans la quête de sens. On a l’impression que la philosophie vient combler un vide.

À côté de cela, développement de la littérature de type « Développement personnel », et retour de l’occultisme et du para-normal.

Denis Moreau au Centre Théologique de Meylan

Q. Les gens ont-ils le droit d’attendre cela de la philosophie ? La philosophie a-t-elle le devoir de répondre à cette attente ?

Il y a deux façons d’aborder la philosophie, tout en sachant que les philosophes entre eux ne sont pas d’accords…

  1. La philosophie comme connaissance transformante, comme c’était le cas chez les grecs : la réflexion philosophique permet d’améliorer sa vie.
  2. La philosophie comme clarification de concepts : on explique les grands problèmes tels que la liberté, la conscience, la justice, etc.

La philosophie a-t-elle le devoir de répondre ?…

Tout n’est pas que « devoir » : on fait de la philo si on en a envie.

Il faut aussi un petit talent de vulgarisation, ce qui n’est pas donné à tout le monde, même aux esprit philosophiques les plus performants.

Il faut aussi un goût et un talent pour vulgariser. Mais pas un devoir.

C’est bizarre : il y a une attente d’intelligibilité immédiate de la philosophie, alors que la philosophie est une « technique » qui demande de nombreuses connaissances. La philosophie est compliquée, et de ce fait, il y a de mauvais livres de philosophie populaire.

Q. Quelles règles utilisez-vous lorsque vous abordez l’actualité, lorsque vous faites de la philosophie sur l’actualité ?

Oui, j’utilise certaines règles, de même que Descartes a prévu 4 règles dans le Discours de la Méthode.

Mais attention : ce n’est pas du « prêt à penser » !

Je détaille 9 règles dans mon livre « Plus loin que l’actualité »

Là encore, les philosophes ne sont pas d’accord entre eux : soit on dit qu’il y a des « objets philosophiques », soit on dit que l’on peut philosopher sur tout, à condition d’utiliser des règles à ce sujet.

Q. Est-il possible, « en tant que philosophe », d’aborder la question de la foi ?

Oui, c’est possible… de façon détendue !

Je suis chrétien et j’assume ma foi. Mais cela ne veut pas dire que je renonce à réfléchir sur ma foi.

Ne renoncez jamais à réfléchir sur votre foi. Si vous n’êtes pas capable de justifier votre foi…

Q. Vous êtes un philosophe chrétien, ou un chrétien qui fait de la philosophie ?

Je suis un philosophe chrétien, mais je ne fais pas de philosophie chrétienne.

De même que je pourrait être un plombier chrétien, mais que je ne ferais pas de plomberie chrétienne.

Le problème de la philo n’est pas qu’elle soit chrétienne, mais qu’elle soit vraie. 

De plus, la philosophie cherche, par la raison, à s’adresser à tous. Alors, faire de la philosophie « chrétienne », c’est un peu réducteur.

Par exemple, qu’est-ce que la philosophie peut dire sur la résurrection ?

  1. Est-ce vrai ? La résurrection a-t-elle eu lieu ? Le philosophe n’a pas grand-chose à dire à ce sujet. Ce n’est pas le travail du philosophe, mais plutôt de l’historien, de l’exégète, etc.
  2. Qu’est-ce que ça change ? Là, oui, le philosophe peut dire plein de choses.

Peut-on parler d’un joueur de foot chrétien ? Qu’est-ce que le fait d’être chrétien va apporter au joueur de foot ? Le respect ? Le fair-play ? La gentillesse ? Mais cela devrait être la base humaine de tout joueur de foot !

Alors, qu’est-ce que le fait d’être chrétien va changer ? Quels sont les domaines remarquables du chrétien, que les autres n’ont pas ?

  1. La joie
  2. L’espérance, à cause de la résurrection