Les préparatifs du repas pascal
Les préparatifs du repas pascal, par Franz Michel Willam. Extrait du livre La vie de Jésus dans le pays et le peuple d’Israël. Disponible en format numérique et papier
Quelques jours avant le Jeudi Saint, voici un nouvel extrait du livre de Franz Michel Willam "La vie de Jésus dans le pays et le peuple d'Israël". Où l'on voit bien la volonté de l'auteur de nous expliquer les habitudes sociologiques locales, pour nous aider mieux comprendre le comportement du Christ.
Le premier jour des azymes où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples demandèrent à Jésus : « Où veux-tu que nous allions pour te préparer l’agneau pascal ? ».
(Mc 14, 12-16 ; Mt 26, 17-19 ; Lc 21, 7-13)
C’était le jeudi, le jour d’avant la Passion. Les disciples eux-mêmes prirent l’initiative de demander à Jésus : « Où veux-tu que nous allions pour te préparer l’agneau pascal ? »
Ce n’est pas sans un motif particulier qu’ils firent cette demande. Pendant les jours qui venaient de s’écouler, Jésus n’avait pas passé une seule nuit dans la ville. Les Apôtres en avaient été très heureux. Un coup de main nocturne contre Jésus était dans le domaine des possibilités. Ils n’en avaient que plus d’effroi en songeant d’avance à la soirée qui approchait ; il fallait en effet que l’agneau pascal soit mangé à l’intérieur des murailles de Jérusalem. Cette fois, on ne pourrait pas éviter un séjour prolongé dans la ville. C’est pourquoi Jésus avait à décider lui-même du lieu du repas.
Jésus fit une réponse qui semblait conforme aux préoccupations des Apôtres. Il y avait comme une mission secrète dans ces paroles : « Quand vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. Suivez-le dans la maison où il entrera et là dites au maître de la .maison : Le Maître te fait demander : Où est la salle où je pourrai manger l’agneau pascal avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande salle haute, munie de coussins et prête à servir. Préparez-y l’agneau pascal pour nous. »
Les disciples furent un peu rassurés en entendant ces paroles. Le Maître comptait donc visiblement avec ses ennemis qui avaient partout des espions.
« Vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau. » Le sens de cette remarque est de donner un signe. Et en effet, dans le monde oriental, ceci est vraiment un « signe », c’est-à-dire quelque chose de surprenant. Les hommes qui s’occupent d’aller chercher de l’eau se servent ordinairement d’outres en peau de chèvres (dans ces derniers temps ces outres ont été remplacées par des bidons d’essence vides) ; par contre, les femmes portent l’eau dans des cruches ventrues qu’elles placent sur leur tête.
Au reste, dans la commission que leur donna Jésus, bien des choses ne leur parurent pas aussi étranges qu’à nous. Les habitants de Jérusalem étaient obligés de mettre à la disposition des pèlerins, pour manger l’agneau pascal, tous les locaux disponibles de leurs maisons. La coutume était que les pèlerins laissassent au maître de la maison la peau de l’agneau immolé. Pour le banquet pascal, le local qui convenait le mieux était la grande salle de l’étage supérieur, qui comprenait toute la superficie de la maison. Cette salle est en Palestine la « salle des hôtes » — ou plus brièvement le « divan », à cause des coussins qui s’y trouvent.
Ainsi Pierre et Jean quittèrent Béthanie, sans doute de bonne heure dans l’après-midi. La grande liberté qu’on accordait aux hôtes avait pour conséquence qu’on laissait aux pèlerins le soin de préparer l’agneau pascal. Cela semble formellement indiqué par le récit lui-même. Les disciples ne demandent à Jésus que le « lieu » du repas. Pour le reste, ils savent ce qu’ils ont à faire. On ne doit pas oublier que ce n’était pas la première fois qu’ils mangeaient l’agneau pascal avec Jésus.
Dans la ville, peu de temps après avoir franchi la porte, avant d’être obligés de choisir entre les diverses ruelles, les disciples rencontrèrent l’homme à la cruche.
Bien entendu, ce n’était pas lui le propriétaire de la maison et de la grande salle, ce n’était qu’un serviteur. Ils le suivirent. Cela n’était pas si facile, au milieu du va-et-vient de la foule des pèlerins. Ils pénétrèrent après lui dans la maison où il entra et s’adressèrent au maître de maison. Celui-ci les conduisit à l’étage supérieur et les fit entrer dans la salle. C’était comme l’avait dit Jésus : ils virent une grande salle déjà préparée pour les pèlerins.
Tous les peuples prennent pour manger la position qui leur paraît la plus commode et la plus agréable. Dans les pays du Nord au climat humide, on tâche d’éviter le sol plus ou moins humide ; dans les pays méridionaux, par contre, on prend l’habitude de se tenir sur le sol qui est relativement frais et toujours sec. De même que nous choisissons, par raison d’économie, des locaux assez petits, et pas trop élevés de plafond, les salles d’habitation d’Égypte et de Palestine présentent, même dans les plus anciennes descriptions, une hauteur surprenante ; la chaleur étouffante est ainsi plus facile à supporter. Ainsi il n’était pas rare de voir des salles d’une hauteur de cinq mètres ; d’après une antique tradition, une salle de cette hauteur était prescrite pour le repas de l’agneau pascal.
Pendant le repas on était couché, ceci était considéré dans le monde romain comme une marque de liberté ; c’est pourquoi les Israélites avaient adopté le même usage pour le repas de l’agneau pascal et formaient, comme on disait, « un cercle ». On se tenait couché sur des tapis et on appuyait le bras gauche sur un coussin. Les coussins étaient placés sur des tréteaux. Ceci est important pour le lavement des pieds.
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