Jésus étant né à Bethléem aux jours du roi Hérode, voici que des Mages vinrent d’Orient à Jérusalem et demandèrent : « Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ? ». (Mt 2, 1-8)

Le ciel nocturne est, en Orient et particulièrement dans les déserts d’Arabie, d’une magnificence indescriptible. Ce n’est pas un voile lointain sur lequel les étoiles scintillent avec agitation. C’est un espace infini que les étoiles traversent de leur rayonnement. Elles sont suspendues au-devant du noir abîme ; elles ne scintillent pas, mais elles brillent immobiles comme des yeux, et sont si nombreuses qu’on a de la peine, dans ce fourmillement, à reconnaître les étoiles de son pays. La voie lactée, qui n’est chez nous qu’une traînée pâle sur un fond gris sombre, est là-bas un immense nuage de lumière. Et cette splendeur peut se contempler toutes les nuits.

Il est rare que le ciel soit couvert. Ainsi les hommes ont la possibilité de suivre l’apparition et la disparition, la montée et la descente de certains groupes d’étoiles.

L’imagination poétique de ces pays créa, pour les constellations, les noms dont nous nous servons encore. Dans ces pays, il y eut toujours des gens qui observèrent d’une manière particulière les variations du ciel étoilé.

Ce sont de ces gens qui parurent, quelque temps après la naissance de Jésus, à Jérusalem et demandèrent : « Où est le Roi des Juifs qui est né ? Nous avons vu son étoile en Orient, nous sommes venus pour l’adorer ».

Des étrangers qui, entourés d’une caravane somptueuse, traversent les rues étroites d’une ville orientale, font toujours sensation. Aux cris des conducteurs, à mille détails de la bride et de la selle des chameaux, à la race des animaux, on reconnaît leur pays d’origine. Immédiatement, tous ceux qui ne sont pas déjà sur la rue, se précipitent hors des maisons et on se demande d’où ces étrangers de distinction peuvent bien venir et où ils veulent se rendre. Et il se trouve toujours quelqu’un qui s’offre obséquieusement comme guide. C’est ainsi que les choses durent se passer quand les Mages arrivèrent à Jérusalem.

Hérode avait partout des espions et il ne tarda à être renseigné sur la venue de ces hommes singuliers. Le récit de Matthieu est d’une merveilleuse concision : Hérode se troubla et tout Jérusalem avec lui.

Cet événement se passa dans les derniers jours de la vie du roi. Sa méfiance s’était accrue au point de devenir une sorte de délire de la persécution et, par contre coup, la frayeur qu’inspirait sa cruauté avait redoublé.

Le Roi des Juifs n’était pas n’importe quel roi, mais le Roi au sens propre, le Messie. Hérode savait que, dans les Livres Saints, se trouvaient toutes sortes de prophéties au sujet de ce Roi. Il convoqua les princes des prêtres et les docteurs de la Loi, c’est-à-dire les deux groupes du Sanhédrin qui avaient autorité pour l’interprétation de l’Écriture, et leur demanda où devait naître ce Roi. Les nouvelles se répandent dans les villes d’Orient avec une rapidité incroyable, de maison à maison et de toit à toit. Les membres du Sanhédrin pouvaient donc présumer la relation qu’il y avait entre la question d’Hérode et l’arrivée des Mages, sans qu’Hérode le leur eût dit ouvertement.